Intervention de Jonathan Rosen, Gérant d’Etsa Patrimoine lors du Grand Debrief du 10 juillet 2024 dans l’émission « Inside Private Equity » sur BFM Business
Est-il préférable de choisir un fonds d’investissement excellent ou de se construire un portefeuille diversifié ?
Oui, c’est préférable, en le couplant à une diversification géographique, je pense qu’il faut aussi parler de diversification sectorielle. Puisque tous les risques cycliques n’affectent pas les secteurs de la même manière, par exemple lors d’une période de forte reprise économique, on misera plutôt sur des valeurs procycliques. Je pense notamment au secteur de l’automobile, le secteur du luxe et, effet inverse, quand on a une période économique un peu plus compliquée, on parlait du COVID, typiquement la période que nous avons traversé ces dernières années, à ce moment-là, on va plutôt miser sur des secteurs qui réussissent à tirer leur épingle du jeu. En l’occurrence, la période du COVID, c’étaient plutôt les acteurs du digital qui spécifiquement proposaient des services en lien avec les activités qu’on pouvait exercer directement depuis son domicile. Je pense au e-commerce, aux jeux vidéos, aux applications qui permettent de travailler à distance. Après, on a aussi la diversification dans le cadre d’une crise géopolitique. Là, on est en plein dedans et précisément, il faut miser sur des valeurs qui profitent de carnets de commandes bien remplis de la part des États, c’est peut-être une stratégie judicieuse. Entre la diversification géographique et la diversification sectorielle, il y a une vraie manipulation orchestrée pour nous en tant que conseillers en gestion de patrimoine auprès de notre client. Et c’est cette diversification qui, dans le temps, va nous permettre, au regard des allocations qu’on peut bâtir, d’aller chercher un impact sur la performance dans la durée pour nos clients.
Est-ce que l’émotionnel joue sur les marchés côtés ?
Tout à fait, surtout quand on regarde les portefeuilles du côté de nos clients, on voit souvent que la performance qui est effacée parce que le client réagit de manière trop émotionnelle, c’est un défaut humain. On est là justement pour les accompagner et tempérer un petit peu les choses, mais typiquement, on voit fréquemment que, quand on analyse ces portefeuilles, quand les marchés montent et bien tout le monde se met à acheter, mais c’est généralement trop tard. Alors rien à voir avec les marchés côtés, mais si on prend un autre exemple, comme le Bitcoin, tout le monde s’est mis en acheter quand le Bitcoin était déjà à 50 000 €. Il est remonté depuis, mais ce que je veux dire, c’est qu’il y a peut-être un autre moment plus pertinent pour rentrer sur le Bitcoin. C’est un comportement moutonnier et c’est pareil dans le sens inverse, quand les marchés s’effondrent, on a tendance à suivre le flot et à revendre à ce moment-là alors qu’il aurait sûrement été plus pertinent de revendre plus tôt pour savoir prendre ses gains. Typiquement, on le voit souvent au sein de notre Cabinet Etsa Patrimoine quand on réalise des audits de portefeuille pour les nouveaux clients et il est extrêmement rare, en fait, de voir des portefeuilles sur lesquels les clients ont réussi à absorber la totalité de la performance.
Est-ce que beaucoup de personnes se trompent sur le market timing ?
Il y a un point important sur la partie investissement long terme, c’est soit on arrive effectivement à rentrer au bon moment et on saisit cette opportunité en se disant « OK les marchés sont bas, il y a une crise de confiance, mais j’y vais quand même ». Soit, on fait ça de manière un peu plus méthodique, plus disciplinée, et à ce moment-là, on investit de manière régulière, de manière programmée, lissée dans le temps, de manière à moyenner son prix d’acquisition sur chacune des lignes au sein de son portefeuille, ce qui est une véritable barrière contre le risque dans le cadre des marchés côtés qui subissent une volatilité forte.
Quels sont les écarts entre les différentes ligues ?
La différence qu’on a entre des gérants de Private Equity et des gérants qui vont plutôt s’occuper de gestion sur les marchés financiers (les sociétés de gestion), c’est l’écart de performance qu’on peut avoir entre ces gérants. Je parle d’écart de performance au sein même des gérants de Private Equity. Pour reprendre l’exemple avec la Ligue 1 et la Champions League qui est un exemple très pertinent, soit on a effectivement les fonds du premier quartier mondial qui représentent la Champions League et donc l’Excellence si vous voulez, et puis on a les autres qui sont des bons fonds, mais qui ne sont pas les meilleurs qui représentent en quelque sorte la Ligue 1, avec tout le respect qu’on peut avoir pour la Ligue 1. En fait, un fonds Private Equity de type Ligue 1 va délivrer sur 20 ans en moyenne, à peu près 10% de rendement par an. Quand on prend un fond du premier quartile, on va avoir sur une vingtaine d’années une performance de l’ordre de 20% par an. Donc en fait, quand on a compris ce delta qui existe entre ces différents gérants, on se rend compte, qu’en fait, on veut à tout prix éviter en fait un index. Pourquoi ? Parce que si on mélangeait les fonds du premier quartile et les autres, mécaniquement, on mélangerait du 20% avec du 10%, donc on viendrait tirer vers le bas la performance. Et donc l’idée aujourd’hui, pour les clients investisseurs et nous en tant que Conseil, c’est plutôt de les orienter vers des fonds qui permettent d’avoir accès à ces gérants de premier quartile, et c’est ce que propose Altaroc.